Un projet que j’ai eu l’occasion de découvrir il y a plusieurs mois, d’abord intrigué par le nom de cette société, Qui Veut Rafraichir Sa Ville ? Titre évocateur car en période de forte chaleur, il y a peu de réponses alternatives. L’ambition est claire pour cette équipe originaire de Lyon : agir sur le foncier privé (80% de la superficie de la ville) pour y créer des micro-îlots de fraîcheur en mobilisant citoyens, acteurs économiques et propriétaires.
Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre équipe ?
Elsa : Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ? aujourd’hui, c’est une équipe de 7 personnes.
Avec mes deux associés, Thomas Lescure et Jean-Marc Bouillon, respectivement expert en conduite du changement et paysagiste concepteur et moi (avocate) nous sommes les co-fondateurs de l’entreprise.
Nous avons été rejoints dans l’ordre par Swann Vigier, Marius Barjolin, Florence Le Fouest et Coryne Nicq.
Avocate libérale engagée et communicante, je suis animée par les enjeux de transition sociétale. Je mets toute mon expertise en droit des affaires, droit des contrats, sociétés et organisations sans but lucratif, au service d’une économie durable, pour structurer des projets à impact positif, complexes et hybrides. J’ai choisi d’exercer mon métier avec un angle résolument pluridisciplinaire, dans une perspective permanente de conciliation entre rentabilité et sens. Je suis aussi co-fondatrice du fonds de dotation Via Terrata, un fonds de dotation opérationnel, résolument ancré dans la révolution écologique.
Entrepreneur et consultant, Thomas est lui spécialiste des démarches de transition digitale des entreprises et des transformations de Business Model. Thomas accompagne les entreprises dans leur stratégie de management du changement en posant son œil d’expert sur le développement de leur modèle économique. Engagé convaincu, il est co-fondateur de Via Terrata.
Paysagiste concepteur passionné, Jean-Marc est une personnalité influente dans le monde du Paysage. Conscient, très tôt, de la force de la nature et de son intelligence et surtout du fait qu’elle ne joue pas le rôle qui doit être le sien dans la fabrication de la ville, Jean-Marc est le créateur d’une méthode d’adaptation innovante de nos villes au réchauffement climatique, l’aquapuncture®. Président honoraire de la Fédération Française du Paysage, membre du conseil d’administration de Val’Hor et conférencier.

Jeune et engagé, Swann a rejoint l’entreprise dès ses débuts. Il mobilise ses connaissances acquises en école de management et sa joie de vivre pour contribuer avec passion à ce projet qui lui tient profondément à cœur. Il s’est également investi en prenant la vice-présidence de C’est Formidable, la société de participation qui finance l’amorçage de Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ?
Marius est étudiant à l’Institut Supérieur de l’Environnement. Il a rejoint l’équipe technique qui s’occupe de l’étude et la mise en place de nos points d’aquapuncture®.
Experte des Systèmes d’Informations, dotée d’une main verte indéniable, Florence est là pour accélérer la construction de la plateforme digitale de Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ?.
Coryne a rejoint l’équipe en tant que directrice de communication externalisée. Après avoir été 10ans dircom salariée ‘Diners Club International et Groupe Cegid’ elle prend son indépendance il y a 30 ans pour conduire la stratégie de communication d’un grand nombre d’entreprises et d’évènements. Chasseuse de signaux faibles, elle est engagée dans des collectifs citoyens et est co-fondatrice du réseau des Entrepreneurs d’avenir. Enfin, elle est aussi directrice générale de UMANAO. Passionnée par l’intelligence collective, Coryne croit fermement en une économie plus durable et collaborative et elle a rejoint avec enthousiasme Qui Veut Rafraîchir Sa Ville à la toute fin de l’été.
Quelle est la genèse de Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ?
Elsa : Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ? est née de notre rencontre et d’un constat partagé : le système urbain n’est structurellement pas prévu pour encaisser les chocs du dérèglement climatique : pics caniculaires, précipitations intenses, gonflement/dégonflement d’argile etc…
Ces dysfonctionnements altèrent déjà notre qualité de vie mais aussi nos activités économiques. Cette crise écologique va se transformer en crise économique et donc en crise sociétale majeure.
Or 80 % du foncier urbain est privé, essentiellement celui des entreprises et des citoyens.
Il est donc de notre responsabilité à tous d’agir ensemble sur nos 80%.
C’est pourquoi Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ? s’est donnée pour mission d’accélérer la régénération de la partie privée de nos villes, grâce à une méthode propriétaire, l’aquapuncture®, qui combine low tech et high tech et une plateforme d’intermédiation, qui met en lien tous les acteurs concernés, territoire par territoire.
Jean-Marc : L’aquapuncture® est une solution propriétaire de régénération des villes face au dérèglement climatique qui repose sur la combinaison de deux procédés low-tech et high-tech.
D’une part, et c’est le volet low-tech, l’infiltration naturelle des eaux pluviales et la plantation de végétaux et d’arbres de manière pérenne sur toutes les parcelles cadastrales où c’est possible (les points d’aquapuncture®).
D’autre part, la lecture algorithmique des données cartographiques (vues aériennes) d’un territoire urbain, qui nous permet d’identifier l’ensemble des micro-zones où l’eau pourra s’infiltrer, et de classer, par un indice de facilité (l’indice d’aquapuncture®) l’ensemble des parcelles cadastrales propices à notre méthode.
Ce volet high tech de l’aquapuncture® a été développé en collaboration avec Siradel, filiale d’Engie. Grâce à lui, nous pouvons visualiser le potentiel de régénération d’une agglomération et nous apercevoir, par exemple, que les parcelles cadastrales existantes des métropoles françaises sont classées à 70% dans les catégories faciles.
Il nous permet également de prendre la mesure de la puissance de l’impact environnemental collectif et de sa contribution personnelle dans chacune de nos villes !
En s’adressant de façon inédite au foncier privé des villes (qui représente en moyenne 80% de la superficie des agglomérations), pour créer partout où c’est possible des micro-îlots de fraîcheur par la mobilisation de la société civile et acteurs économiques, propriétaires de ce foncier, nous proposons une méthode régénérative du tissu urbain qui lutte contre les dysfonctionnements induits par le dérèglement climatique et les pertes consécutives de jours d’activité pour nos entreprises.
On peut donc dire que Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ? est aussi un acteur de la prévention des risques.
Concernant la méthodologie d’intervention, nous agissons en maîtrise d’ouvrage déléguée ce qui veut dire qu’après avoir déterminé l’éligibilité de la parcelle candidate, nous réalisons une étude de principe pour concevoir les travaux à réaliser, avant de désigner l’entreprise qui réalisera ces travaux et suivre leur avancement jusqu’à la livraison effective.

Comment adaptez-vous vos solutions aux régions confrontées à des épisodes de sécheresse prolongées ?
Jean-Marc : La question des conséquences du réchauffement climatique peut être traitée de façon planétaire ou locale.
Qui Veut Rafraichir Sa Ville ? s’intéresse aux dysfonctionnements locaux du système urbain et propose des réponses précises au plus près des territoires impactés.
Si les aspects low tech et high tech de la méthode sont récurrents, chaque réponse qui en découle est locale et circonstanciée.
Pas d’eau pas de végétaux.
Le point de départ de notre proposition consiste à donner, chaque fois que c’est possible un nouveau cheminement à l’eau de pluie, plus vertueux.
Concrètement il s’agit d’utiliser ou de créer un espace vert, très légèrement en creux, vers lequel diriger, par gravité, l’eau de pluie collectée par la surface imperméable la plus proche pour lui donner le temps de s’infiltrer.
Pour transformer cette eau de pluie trop souvent considérée comme un déchet en ressource, la localisation de cet espace vert est choisie non seulement pour des questions hydrauliques mais aussi pour sa capacité à accueillir un ou plusieurs arbres.
Ceux -ci bénéficieront alors, à chaque pluie d’un apport d’eau plus significatif.
80% des pluies sont de petites pluies qui n’arrosent pas vraiment. En collectant sur une surface étanche de 100 m2 par exemple une pluie de 2mm, on transforme l’arrosage naturel d’un point d’aquapuncture® de 50 m2 de 100 litres en un arrosage massif de 300 litres.
Progressivement cet apport d’eau triplé va créer des conditions de sol en profondeur de plus en plus propice à la croissance des végétaux, y compris pendant les périodes de sécheresses prolongées.
En fonction de la région, restera à choisir des essences d’arbres et d’arbustes dans la palette de végétaux sélectionnées, sous le regard de notre conseil scientifique, à la région climatique et aux conditions très locales considérées.
Enfin nous envisageons déjà, avec certains membres du conseil scientifique à l’application en ville des concepts de l’hydrologie régénérative développés hors la ville en agroforesterie notamment.

Quel est votre modèle économique ?
Thomas : L’activité de Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ? a pour vocation de se déployer dans un maximum de villes en France. Le modèle de développement de Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ? consiste donc à ouvrir progressivement des filiales (Qui veut rafraîchir Angoulême ? etc.) qui porteront chacune une plateforme d’intermédiation locale destinée à mettre en relation l’ensemble des parties prenantes qui peuvent se mobiliser pour intégrer l’aquapuncture® sur le foncier privé de leur ville.
Qui Veut Rafraichir Sa Ville ? développe un réseau de filiales qui exploite localement les deux volets de cette méthode d’aquapuncture® par le biais d’une plateforme d’intermédiation dédiée à chaque agglomération.
Cette plateforme met en lien tous les acteurs locaux de cette régénération possible des villes, propriétaires fonciers, experts opérationnels (Paysagiste-concepteur, ingénieurs hydrauliques, entreprises du paysage, pépiniéristes) mais aussi les sponsors et mécènes, issus du monde économique, directement concerné.
Notre modèle économique repose tout simplement sur la rémunération des intermédiations de notre plateforme.
Quel rôle jouent les entreprises dans vos projets ?
Elsa : Depuis notre lancement, nous avons la conviction que les entreprises ont un rôle clé à jouer.
- Elles sont à la fois cause et victime du dérèglement climatique.
- Elles ont le pouvoir d’agir pour réduire leur impact et protéger leurs écosystèmes économiques, humains et naturels.
En effet, les entreprises, par la taille de leur foncier et son volume (30% du foncier privé des villes), sont à la fois « cause et victime » du dysfonctionnement urbain. Elles contribuent fortement à l’imperméabilisation et aux ilots de chaleurs et elles en sont les premières victimes car l’altération du système urbain va impacter principalement leurs jours d’activité.
Elles ont donc un triple rôle à jouer pour œuvrer à la régénération de leur territoire :
- Celui de contribuer, par la réalisation de points d’aquapuncture® sur leur foncier.
- Celui d’aider la généralisation de ce principe en arbitrant différemment leurs engagements historiques pour leur territoire (Traditionnellement en 1 pour le sport, en 2 pour la culture, en 3 pour le social et en 4 seulement pour l’environnement) en finançant des points d’aquapuncture®.
- Et celui d’accélérer, par leur participation au mouvement, à l’émergence d’une solution pragmatique, régénérative qui témoigne qu’écologie et économie, quand elles travaillent ensemble sont innovantes, créatives, économes, bref…performantes.
Quelles sont les ambitions de « Qui veut rafraîchir sa ville » pour l’année 2025 ?
Thomas : En 2025, nous allons ouvrir 2 filiales : une à Angoulême au premier semestre, dont l’annonce d’ouverture officielle a eu lieu le 13 novembre dernier aux côtés du maire de la ville et des acteurs locaux impliqués. Et une autre parmi les 2 villes intéressées à ce jour (Blois, Laval).
Dans une vision à moyen long terme, l’ambition est de :
- Devenir un standard de la régénération des villes pour faire face au dérèglement climatique grâce à la gestion de l’eau et du végétal sur le foncier privé des villes.
- Promouvoir un nouveau mode de ville auprès des citoyens et des acteurs économiques en développant des pratiques innovantes de mobilisation de la société civile.
- Maximiser la durabilité du dispositif de l’aquapuncture® en mobilisant un conseil scientifique sur une démarche d’amélioration continue :
- Evolution de la palette végétale
- Monitoring des consignes d’arrosage auprès des propriétaires de points d’aquapuncture® en fonction des aléas climatiques
- Développement d’une hydrologie régénérative en ville
- Prévention des risques
En ce début d’année Qui Veut Rafraîchir Sa Ville ? a engrangé 10 points d’aquapuncture® en cours de réalisation à Lyon, 5 le seront prochainement à Angoulême.
En un an, nous avons levé 250 000 € auprès de la société civile et 110 000 € auprès d’entreprises du territoire et parmi elles nous ont déjà fait confiance : Qantis, Groupe Kardol, Groupe Cheval, le Réseau Servimo, Addev Materials, Groupe Tebior, WhiteRock, Arcades, Boreale + Resonens, le 6b etc.
Notre entreprise à mission Qui Veut Rafraichir Sa Ville ? est lauréate du grand concours national 2025 #TechForFuture de La Tribune dans la catégorie #SmartTech de la région Auvergne-Rhône-Alpes, parmi les 6 innovations retenues pour aller pitcher à Paris pour la grande finale !
D’ici là, on vous donne rdv pour la seconde étape, le vote du public du 24 février au 7 mars 2025 😊
Merci à vous, comment peut-on vous contacter ?
Pour nous contacter, c’est simple, et le plus efficace : adressez-nous un mail.
Vous pouvez bien sûr également ous adresser un message privé sur notre page Linkedin.
Dans les deux cas, on saura être réactifs !
Merci beaucoup Elsa, Jean-Marc, Thomas, Coryne, Swann et l’ensemble de votre équipe pour cette participation, on vous suit bien sûr avec beaucoup d’attention. N’hésitez ami(e) lecteur à poser vos questions dans les commentaires.
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