Vous avez sûrement entendu de Medellín, tristement célèbre pour son cartel et son passé de capitale du crime. En 1991, la ville portait la lourde réputation d’être la plus violente du monde avec 381 homicides pour 100 000 habitants.
Face à cette urgence, Les autorités locales avaient choisi de répondre à cette crise en investissant massivement dans les quartiers les plus pauvres pour améliorer les conditions de vie et réduire les inégalités.
Aujourd’hui bien que tout ne soit pas parfait, Medellín est devenu un modèle mondial d’innovation sociale et écologique.
Elle mérite d’être reconnue pour cet engagement et pour les corridors verts qui structurent son environnement urbain.
Les corridors verts de Medellín
Pour répondre à des décennies de violence, la ville colombienne a adopté une approche volontariste en investissant dans ses quartiers les plus défavorisés. Depuis 2016, la ville a littéralement transformé son paysage urbain en créant un réseau de 30 corridors verts qui s’étendent sur 20 km.
Ces espaces relient les parcs, rues et espaces publics de la ville grâce à la plantation de plus de 880 000 arbres et 2,5 millions de plantes. Ce projet d’envergure a permis de réduire les températures urbaines de 2°C, d’améliorer la qualité de l’air et de favoriser le retour de la biodiversité.
D’ailleurs, le programme Medellín, a city of life s’est emparé du sujet de la biodiversité. Il développe pour cela un cadre conceptuel qui relie la biodiversité au bien-être humain en mettant l’accent sur les services écosystémiques. Concrètement, il intègre la nature dans tous les aspects de l’urbanisme, en connectant les espaces verts avec les besoins de la population colombienne.
Il s’appuie sur la restauration des collines urbaines ou l’aménagement de jardins périphériques. Des initiatives, qui tout en favorisant la biodiversité, offre des opportunités économiques et sociales aux habitants. Selon le Guardian, la ville serait une des villes les plus riches en termes de biodiversité, à travers le monde.
Les impacts économiques et sociaux
Mais l’impact ne s’arrête pas là. Les corridors verts de Medellín ont généré des milliers d’emplois pour les populations vulnérables et formé des jardiniers issus des communautés défavorisées. Environ 2 580 emplois locaux ont été créés pour la construction et l’entretien des espaces verts.
Rentrons maintenant dans quelques chiffres, qui montrent l’impact économique de l’infrastructure.
Ce projet de corridors verts à travers la ville représente un investissement de 16,3 millions de dollars. Et selon cette étude, il aurait généré des bénéfices économiques importants.
Ces espaces verts ont attiré beaucoup plus de visiteurs et ont permis d’augmenter l’activité commerciale locale de 318 millions de dollars. Quant aux propriétés les plus proches de ces corridors, elles ont vu leur valeur augmenter de 35,45 millions de dollars, renforçant ainsi l’attractivité urbaine.
En termes de santé publique, ces grands espaces de mobilités ont encouragé l’activité physique (marche et vélo) et pourraient générer des bénéfices estimés à 520 millions de dollars dans les 30 prochaines années.
Alors, ces chiffres ne vous diront peut-être rien. Il est cependant intéressant de comprendre l’impact de ces aménagements, à la fois sur la qualité de vie des populations, mais aussi sur l’économie et la création d’emplois.
Medellín et son patrimoine floral
Au-delà de ses corridors verts, Medellín est aussi un centre névralgique de la production florale colombienne. La ville représente 24 % de la production de fleurs exportées dans le monde. Chaque année, la ville célèbre cette richesse avec sa Feria de las Flores. Un festival haut en couleur qui attire des milliers de visiteurs, en mettant en lumière son patrimoine culturel unique.
Cette tradition florale trouve ses racines dans le village voisin de Santa Elena où les cultivateurs (les silleterons) transportent leurs compositions sur leur dos pour les vendre en ville. Depuis 1957 cet évènement leu rend hommage et célébre cette culture florale.
La ville face à sa dualité
Bien que Medellín, que l’on surnomme la ville du Printemps éternel, ne soit pas totalement épargnée par l’insécurité de certains de ses quartiers, elle est loin de la violence extrême des 1990.
Les défis subsistent, malgré les efforts considérables, Medellín illustre ainsi une dualité complexe : d’un côté, des avancées sociales et écologiques importantes, et de l’autre, les effets persistants du crime organisé et des inégalités sociales.
Laisser un commentaire